"La moitié d'un ami, c'est la moitié d'un traître." -Hugo (Victor)-

Tout avait commencé comme je l’avais prévu, encore une fois… Ayant quitté Aiacos pour prendre quelques jours de solitude bien mérités, j’avais changé de destination habituelle et au lieu de me rendre aux pays du fer ou de la neige j’avais opté pour celui du feu, plus clément au niveau du climat… Le voyage, bien qu’un peu long mais tout aussi enrichissant, avait largement contribué à ma paix intérieur et ce fut donc sereine que j’atteignis ce territoire ennemi. Oui, il était évident que je n’avais pas le droit d’être là mais comme personne ne se doutait que j’étais de l’akatsuki et que tous mes anciens proches me considéraient comme morte… je bénéficiais d’une liberté illimité et normalement, je dis bien normalement, il n’y avait aucune raison qu’il ne m’arrive quelque chose durant ces quelques jours de repos… Mais malheureusement, un membre de la lune rouge s’avère rarement banal et la normalité était loin de m’atteindre… Qui aurait cru que moi, Kaleïs Maboroshi la plus pacifiste du groupe de nunkenin de rang S, allait être la première à affronter l’un des kages de l’alliance ? Je dois avouer que malgré ma mentalité de non-violence inutile, ce fut très intéressant avec même, je dirais, une pointe de distraction. Mais ne vous méprenez pas sur mes paroles… Je suis loin de sous-estimer mes adversaires.
Foulant l’herbe moelleuse qui parsemait le sol de la forêt de Konoha, je m’étais tenue à distance du village afin de ne pas chercher des ennuis tout de suite et avait gardé une attitude neutre lorsque j’avais croisé des gens. Sachant que seuls les plus grands ninjas pouvaient ressentir le chakra avec une précision suffisante pour que cela ait une importance, je pensais être tranquille puisqu’il les hauts dirigés sortaient rarement de leur trou… Il fallait dire que je tombais sur un jour un peu différent des autres…

« Tu as le chic pour trouver des jeux géniaux !
La bataille n’est pas un jeu.
Ho si… »

Levant les yeux au ciel dans un geste de lassitude, je sortis d’entre les rangers d’arbre et atteignit une magnifique vallée. Contemplant avec mélancolie ce lieu idyllique pour un pique-nique, je traversai le point d’eau en utilisant une simple technique de base puis utilisai un chemin naturel qui me permit de monter jusqu’en haut des statues. Amusée par le fait d’être juchée sur la tête de mon chef actuel, Madara Uchiwa et Senjou Hashirama se faisaient face. Je me demandais comment le monde aurait tourné si Madara avait réussi à vaincre ses opposants, à cette époque… Peut-être que je ne serais pas née, qui sait ?
Esquissant un sourire, une masse volumineuse d’énergie troubla mon moment de réflexion et je glissai un regard en biais, apercevant une silhouette qui avançait à ma rencontre. Je vous l’ai dit plutôt, moi je suis une non-violente… Je ne me bats que quand le devoir m’y oblique ou quand ma vie est en danger… Je ne pensais pas que cela allait être le cas aujourd’hui.
Sentant son regard pointé sur moi, je me retournai lentement et haussai un sourcil étonné en voyant la célèbre Hokage de Konoha. Tsunade Koishi était l’un des trois sannins légendaires et sa puissance de frappe était non négligeable… Possédant une force herculéenne et un savoir incroyable dans l’irou jutsu, autant dire qu’elle n’était pas à prendre à la légère. Surprise de la voir en ce lieu, je n’entendis pas tout de suite sa question et mon absence de réaction sembla lui déplaire. S’avançant vers moi, j’esquissai un geste de défense puis me retins en attendant d’en savoir plus. M’attrapant par le bras avec fermeté, je regardais cette femme qui, bien plus âgée que moi, semblait me prendre pour une enfant à me toucher de cette façon. D’une torsion de poigné je me dégageai de sa prise et reculai de trois pas en sentant la tension augmenter.

« Les anciens se croient tout permis…
A qui le dis-tu. »

M’annonçant que je n’aurais jamais du faire cela, je la fixai d’un regard impassible et la vis se mettre en garde. Tout le monde savait que Tsunade était une femme impulsive et la résonner reviendrait à perdre mon temps. Retenant un soupir qui me ferait paraitre comme une personne impolie, j’inclinai légèrement la tête pour ouvrir ce duel improvisé sans prononcer un mot. A la guerre comme à la guerre, les paroles n’ont pas leur place dans des actions aussi intenses…
Posant une main sur ma hanche, j’utilisai l’autre pour dégager mon arme imposante que je plantai dans la terre à mes cotés, m’appuyant nonchalamment dessus. Sans un geste, sans un bruit, une myriade d’aiguilles traversa le sol tout autour de nous dans un rayon de cinquante mètres. Sorties du sol sans prévention, la poussière nous entour bientôt tandis que mes armes passaient autour de moi sans m’atteindre. Fermant les yeux, je me laissai ensuite envahir par mon troisième œil, développant mes sens à l’extrême me garantissant un temps de réaction quasi-nul, voire même en avance. Je commençais fréquemment mes combats de cette façon mais l’effet de surprise et surtout le fait de ne pas faire de signe me garantissait un avantage de vitesse.
Ma technique n’était pas mortelle, certes, mais ses blessures nombreuses étaient douloureuses et elle immobilisait l’adversaire efficacement. Evidemment, face à une experte de l’Irou jutsu et une kage qui plus est (et surtout une femme) je m’attendais à ce qu’elle me tienne tête facilement sur ce point là… Le combat des Kunoishis avait commencé.

« Aller Kale-chan ! T’es la meilleure !
Si tu ne la bats pas, laisse-moi sortir et je lui fais sa fête à cette vieille peau…
Laisse-moi me rappeler ton âge ? Tu as...
Ferme-la ! »

Esquissant un mince sourire sur mon visage fin aux yeux clos, je patientai calmement sans me laisser gagner par l’excitation que beaucoup de ninjas éprouvaient lors d’un combat. Non, tuer ou être tué était loin d’être drôle… Il fallait plutôt considérer cela comme une tragédie de la vie.

"Heure. Toutes font souffrir, la dernière tue."

Tandis que je sentais chaque poussière effleurer mon corps, le sifflement d’une chaire qui se fend résonna dans mon âme comme un coup de tonnerre et je tressaillis imperceptiblement. L’odeur du sang s’ajoutant alors à ce vacarme, le silence ce fit une fois que mon attaque se termina et j’entendis le vrombissement léger d’une technique. La senteur métallique disparaissant peu à peu, je compris qu’elle venait de soigner ses plaies et que donc elle avait encaissé chaque aiguille. La laissant terminer son soin, j’admirai la résistance de cette femme mais j’étais aussi tentée de la prévenir que si le combat avait commencé en douceur, il allait falloir qu’elle trouve un autre moyen pour se défendre pour la suite… Car je ne comptais pas rester aussi douce… Un combat restait un combat. Je n’allais certes pas me donner à fond, non pas que je la sous-estimai mais j’estimais que quand le cœur n’y était pas, nous devions nous contenter du minimum afin de ne pas ressentir le moindre plaisir…
Sentant un remous, l’air me caressa le visage de façon étrange et je sentis une masse moyenne venir vers moi. Le vent se pliant comme un accordéon, il m’apportait par onde ce que je ne voyais pas et j’attendis le dernier moment pour esquiver son attaque. Titubant sous la pression de l’air tant sa puissance de frappe était importante, je me plaçai à nouveau à cinq ou six mètres. Faisant une petite remarque en me comparant avec une souris, j’esquissai un sourire amusé mais je ne répondis pas tout de suite. Tsunade Koishi… Tu es peut-être hokage mais beaucoup de tes compatriotes avaient perdu la vie face aux membres de mon organisation… Je me demandais si j’allais être capable de la vaincre. Je ne souhaitais pas la tuer et si je pouvais me contenter de la neutraliser c’était encore mieux… A condition de ne pas me faire. Comme je savais que chacun de ses coups pouvaient être mortels, il me fallait les anticiper et pour cela mon troisième œil était primordial. Quant au reste… J’avais déjà prévu quelques parades. Bien que je réfléchissais beaucoup, il ne s’était passé que peu de temps entre mon esquive et maintenant.

« Augmentons la température de cet endroit…
… De quoi lui montrer qu’une souris vaut mieux qu’une fourmi.
Shaiya, tu deviens agressive…
Pardon, Vila-chan ! Mais j’ai si peur pour toi… »

Dans un combat, il y a plusieurs stratégies. Certains agissent sur la force brute, comme Tsunade qui excellait dans ce domaine, d’autres agissaient à distance et certains y allaient par surprise. Pour ma part, je combinais les trois malgré quelques différences. Mon arme m’apportant une force de frappe non négligeable, mon affinité polyvalente m’assistant tant en corps à corps qu’en distance, j’avais aussi la faculté d’exécuter des techniques sans bouger le moindre cil ce qui me permettait de les activer de façon instantanée, mettant à l’épreuve l’adaptation de mon adversaire puisqu’il ne pouvait pas prévoir. Beaucoup de puissants ninjas avaient trouvé la mort simplement parce qu’ils ne s’étaient pas montrés assez intelligent pour changer leur plan, trop sur de ce qu’ils avaient choisi avant. On me reprochait souvent de ne pas m’inquiéter du futur mais ma façon d’y aller au feeling m’avait sauvé de bien des situations…
Adressant un regard à Tsunade tandis que je me réceptionnai un peu plus loin (oui je réfléchis à beaucoup de choses en peu de temps) je me demandai si mon caractère désordonné allait me sortir une nouvelle fois de ce mauvais pas. Me redressant, immobile j’inclinai la tête.

Enchantée, dis-je enfin. Je me nomme Kaleïs Kalinko.

Même si nous nous en sortions vivantes, elle ne trouverait rien de moi puisque j’utilisais un pseudonyme. Rassurée sur mon anonymat puisqu’elle n’avait évoqué en rien l’akatsuki, j’apparaissais donc comme simple nunkenin… Mais de quel village ? Elle n’en savait rien. Peut-être un jour nous boirons une tasse de thé en faisant plus ample connaissance… Mais aujourd’hui ne semblait pas être un moment propice aux rencontres. Et puis alors que les tensions éclataient un peu partout entre les mercenaires et les villages, je me voyais mal lui tendre la main pour lui proposer une ballade amicale. C’était dommage, elle était du genre intelligent et sociable malgré son caractère impulsif… A croire que nous, les déserteurs, étions destinés à vivre dans la solitude sans créer aucun lien. Finalement, je me demandai si la vie de village n’était pas meilleure… Mais les lois me rebutaient trop pour que je songe à changer de bord.

« Arrête de penser à des choses aussi bêtes et concentre-toi…
Mais c’est ce que je fais, voyons. »

Toujours sans bouger, favorisant l’effet de surprise, une masse de métal en fusion monta du sol sous nos pieds, brulant l’herbe pour la réduire à l’état de poussière, craquelant les roches sous sa température extrême. Entourant mes jambes, caressant ma peau, je ne ressentais aucune douleur et le niveau s’arrêta au niveau de mon buste. Qu’allait-elle devenir dans une fournaise pareille ? A moins de voler ou de posséder le jinton et qui plus est d’avoir prévu mon attaque surprise, elle allait avoir du mal à s’en sortir. Couvrant tout le crâne de Madara Uchiwa (drôle de façon de le dire), nous étions placées au milieu. Un simple saut ne lui aurait pas permis de rejoindre l’autre statue… Mais elle était sannin, alors j’espérai pour elle, comme pour moi, qu’elle avait esquivé mon offensive un peu malsaine.
Immobile au milieu de la lave en fusion, je sortis lentement ma lame du sol et appuyai sur un mécanisme qui me permis de la séparer en deux parties, me donnant deux épées de belle taille dans chaque main. En plantant une dans le sol, la chaine assez longue était reliée à mon poigné mais je pouvais quand même faire des signes simples. Le terrain préparé, je pensais deviner ce qu’elle allait faire mais j’espérai l’avoir blessé suffisamment pour que la guérison dure un petit moment. J’affrontai une hydre à six têtes… Quasi-immortelle. Le seul moyen de la tuer était donc de la couper en deux et de séparer les morceaux ? Je ne pouvais me résoudre à faire une chose pareille. Je devais donc l’immobiliser ? C’était m’exposer à des risques mais j’étais prête à le faire. Ayant rendu mon métal très puissant grâce à mon chakra, je pensais qu’il pouvait donc supporter sa force de frappe sans trop de problème si je prenais un niveau supérieur.

"Femme qui dit tout à son mari, pleure plus souvent qu'elle ne rit!." -Gabrielle Solis-

Parfois, un sentiment de frustration intense vous envahit sans que vous ne compreniez réellement pourquoi. En général, lorsque ce genre de choses m’arrive, je fais le vide en moi et me consacre quelques heures pour une bonne séance de méditation afin de trouver le problème et le régler rapidement. Malheureusement, actuellement je savais quel était mon souci et je ne pouvais pas me ressourcer intérieurement puisque je me trouvais en plein combat. Affrontant un hokage, j’avais prévu de le faire rapidement afin de pouvoir rentrer chez moi mais il s’avérait que cette Tsunade Koishi passait son temps à encaisser mes techniques pour se soigner après. Je pouvais donc l’avoir à l’usure à force de la blesser pour qu’elle use son énergie mais c’était une technique un peu vache… Vous ne trouvez pas ? Je pouvais aussi me contenter de faire du combat très à distance ce qui la forcerait à sortir son invocation… et donc ça deviendrait un combat de géants. Mais nous n’allions pas aller jusque là… Faire apparaitre nos deux petits protégés reviendrait à détruire le magnifique patrimoine de ce lieu. Déjà que le sol allait sérieusement sentir le roussi sous ma technique… Je ne voulais pas abimer un lieu qui ne m’appartenait pas d’avantage.
Reportant mon attention sur cette femme blonde qui bondissait dans les airs, je la sentis approcher de moi bien avant qu’elle n’arrive et bougeai légèrement le poigné, transmettant du chakra à mon arme. Agrippant fermement mon arme, le plat de la lame vint bloquer son poing sans le mettre en charpie tandis que le frottement de l’air m’apprenait que sa deuxième main fusait vers mon épaule découverte. Etant déjà en train de faire mes signes avec mon autre main, mon épaule prit alors une teinte argentée et ses doigts traversèrent du métal fondu. Entrainée par son élan tandis qu’elle apposait un sceau dans le vent, je l’entendis basculer vers le fond.

« Quelle naïve…Elle ne croyait tout de même pas que nous allions la laisser nous toucher… ? »

M’avançant jusqu’au bord, je l’entendis respirer un peu plus bas et me laissa tomber, me recevant souplement sur l’eau. Un combat intéressant commençait, le but étant de le remporter sans rien casser autour… Je venais déjà de transgresser légèrement cette loi, mais j’allais faire des efforts pour la suite. Passant une main sur mon épaule qui se reconstituait en fumant un peu, je ne sentis aucune douleur à toucher du métal à une température aussi extrême mais je me demandai si elle allait encore user de son chakra pour soigner ses doigts certainement brulés. Elle était vraiment experte dans l’irou jutsu… C’était un peu comme si j’affrontais Hidan en un peu moins pire au niveau de la résistance. La menace était néanmoins toute aussi grande… J’aurai préféré ne pas venir ici. Mais il fallait avouer que je m’occupai agréablement, au moins… J’avais face à moi une combattante hors paire et si sa force résidait uniquement dans le corps à corps et dans son invocation bien connue, elle restait quelqu’un de redoutable. Et puis elle possédait la régénération parfaite… Tiens, mais cela me rappelait que j’avais un plan de secours si les choses tournaient mal pour moi. Mais je préfèrerai bien qu’on mette fin à tout cela et qu’on se fasse une petite pause sous un arbre avec un bon rafraichissement… Mais imaginez sa tête si je lui propose ? Et puis je suis bien trop polie pour oser demander cela à une personne que je connais à peine… Je n’avais donc pas d’autres choix que de poursuivre. Mais je parle trop, reprenons…
Trouvant alors un autre moyen de mettre un terme à ce combat, du moins je l’espérai, je fis mes signes à la vitesse qui montrait l’habitude.

Ne croyez pas que je ne connais rien de vous, Tsunade-Koichi. Dis-je poliment. Vous êtes aussi célèbre que transparente… Vos techniques ont fait le tour du monde ninja. Mes respects pour une telle notoriété… C’est loin d’être mon cas. Ajoutais-je d’un ton plus ambigu.

Surgissant brusquement du sol, quatre mur de métal l’entourèrent et se refermèrent sèchement au-dessus de sa tête. Transformant les parois en centaine de pieux et ayant vérifié que le sol était aussi solidifié, j’avais crée une petite prison qu’elle pouvait peut-être briser. Tsunade pouvait se vanter de détruire la roche, mais le métal allait lui demander beaucoup plus d’effort… D’autant plus que si sa peau entrait en contact avec celui-ci, elle se saignerait violemment au vu de la forme que je venais de donner à la geôle improvisée. Comme j’en attendais quand même plus d’un kage, je tirai sur la chaine de mes armes pour les soulever du sol et les attrapai. Une lame dans chaque main, elles se mirent à luire étrangement… Ma technique activée, mes sens surdéveloppés en action, j’attendais patiemment qu’elle réagisse. Dans tous les cas, je pourrai la contrer… Du moins c’est ce que j’espérai. A moins bien sur qu’elle ne possède une technique de dissimulation parfaite… Ou qu’elle ne se trouve pas dans la prison, mais si c’était le cas, je la repèrerai automatique avec mon troisième œil. Oui, je n’étais pas un membre de l’akatsuki pour rien… Si je n’étais pas capable de tenir tête à un kage alors que plusieurs de mes confrères en avaient battu, alors c’est qu’il allait falloir que je me tourne vers une autre voie. Peut-être me lancer dans une association caritative, hm ?

« Qui sait, cela t’irait comme un gant !
Ne me confond pas avec toi…!
Restez concentrées, je ne vais pas faire le boulot à votre place ! »