Mieux vaut vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué… Le benêt qui l’achètera se fera bien avoir !

Quel magnifique coucher de soleil… Les rayons coloraient le ciel dans une couleur d’un rose tendre et l’air devenait de plus en plus frais. De chaque coté de la route de sable fin se dressaient des rangers d’arbres au vert doux qui donnait une atmosphère paisible et idyllique. Mais ce paysage magnifique, je m’en moquais comme de sa première technique… Après tout, cela se passait derrière moi car en face, il n’y avait que des champs où des trous fleurissaient un peu partout comme des fleurs. Des troncs abattus recouverts de lichen formaient alors un véritable parcours du combattant et cet endroit était tout sauf un paradis sur terre. Je me trouvais actuellement au pays des rizières, soit juste à coté de là où s’était trouvée avant la tyrannie d’Orochimaru. Peu de personnes appréciaient cet individu, mais malgré son physique repoussant et ses gouts sordides, je trouvais qu’il ne manquait pas de classe… Un point de vue plutôt unique quand j’en parle. Vous me demanderez ce qu’un membre de l’akatsuki fabrique dans un lieu aussi reculé des grandes civilisations, mais bien je vous réponds que c’est justement pour cela que je suis ici. Lors de mes débuts à l’akatsuki, je ne m’étais pas vraiment liée aux autres membres et même si aujourd’hui encore ce n’était toujours pas le cas, j’avais acquit suffisamment de présence et d’investissement pour que je puisse m’éloigner du repaire durant mes temps libres sans éveiller de soupçons. Bien sur, nous n’étions pas des employés avec un emploi du temps à respecter, mais quand on est nouveau et qu’on joue les solitaires… On ne s’attire pas la sympathie des autres. Evidemment je m’en moquais bien mais savoir se faire accepter c’est aussi contribuer à la liberté que l’on peut jouir sans conséquences négatives.

Passons ces réflexions inutiles. Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis une nunkenin de Kumo bien que dans les archives je sois considérée comme portée disparue. Les avantages d’avoir une double personnalité qui remplace, et camoufle, parfaitement la votre… Viladra avait bien des avantages. Comme je l’ai dit plus haut, je suis un membre de la célèbre organisation de la lune rouge, et rien qu’à cause de cela, ma liste d’amis était aussi déserte qu’un bol de ramens vide. Décident que maintenant il fallait que je sorte un peu de ma grotte, sans vouloir faire de jeu de mots, j’avais décidé d’aller dans un endroit peu fréquenté où la puissance ninja était quasi négligeable. Ayant hésité avec Taki et Kusa, j’avais finalement opté pour Oto qui était aussi mystérieux qu’inactif. Le jour touchant à sa fin, je regardais uniquement l’horizon qui se teintait de sang, dédaignant les plaines ravagées qui montraient la violence des combats précédents. En plein milieu d’un espace sauvage, j’avançais sans me presser en direction des lumières d’un village non loin de là. Il était difficile de penser que je venais là sans aucun but mais c’était pourtant la stricte vérité. Alors que je pensais que j’allais passer quelques jours tranquillement dans une auberge, j’étais vraiment loin de me douter que ferai une rencontre aussi étrange durant ce court séjour. Une rencontre qui, selon ma logique, aurait du virer en affrontement. Une rencontre qui, selon mon passé, aurait du devenir un combat de nostalgie et de douleur mélangés. Une rencontre qui, en fait, s’avéra très… Intéressante.

Je venais d’atteindre une petite bourgade où il y avait au moins quatre-vingt dix pour cent de citoyens et de non combattants. La force militaire, pitoyable, était quand même étonnante grâce à la ténacité dont les rares ninjas faisaient preuve. Ayant dissimulé la lame modifiée de mon arme sous le tissus blanc qui entourait mes jambes, mon style vestimentaire pouvait alors paraitre un peu étrange mais pas du tout inquiétant. Je paraissais alors comme une sorte d’intrigante qui ne suivait pas la mode des couleurs ocres et brunes du pays. Mon ventre dénudé m’attirait des regards choqués de la part des femmes et la couleur sanglante faisait hausser les sourcils d’un air dubitatif. Certes, je ne m’étais pas habillée comme pour une filature ou une mission d’espionnage, mais cette attention me faisait bien rire. De toutes manières, j’étais loin de ressembler à une kunoichi type. Seulement… Les plus confirmés pouvaient toujours percevoir en moi l’âme vibrante de combat et l’aura ténébreuse qui m’accompagnait régulièrement, due à la présence néfaste de Viladra. Voyant qu’il allait bientôt faire nuit et que tous les habitants commençaient à rentrer chez eux pour se barricader dans leur maison, le silence prit la place des brouhahas habituels et je poussai un imperceptible soupir de soulagement. Le calme était bien plus reposant que l’agitation des villages…

« Un peu d’action ne fait pas de mal… En plus il fait nuit, tu peux toujours trouver un homme solitaire qui a besoin de récon… »

Stoppant net aux propositions peu recommandables de cette conscience agaçante, je décidai néanmoins de ne pas rentrer tout de suite dans une auberge et continuai mon petit tour. Alors que je voyais des groupes de personnes qui se séparaient dans des directions différentes, je vis une silhouette plus petite et plus menue que la moyenne se démarquer des autres. La regardant, je ne voyais qu’une fille aux cheveux noirs et à l’habillement normal. Néanmoins, sa démarche souple et son regard perçant éveillèrent en moi des impressions de déjà vu et je me dis que si ce n’était pas une ninja en train de se camoufler, alors il s’agissait très certainement d’un individu au fort potentiel. Mais je n’étais pas là pour me chercher une quelconque élève ou pour recruter, alors je passai mon chemin sans m’y attarder. J’étais loin de penser qu’il s’agirait de mon prochaine rencontre. Les derniers personnes étant rentrées chez elles sous la certaine influence d’un couvre feu, je ne cherchai pas à me faire remarquer et m’enfonçai dans les ruelles plus sombres et moins fréquentées de la petite ville. Alors si vous êtes jeunes et innocents, sachez qu’il ne faut jamais faire ça ; vos parents vous l’ont souvent dit, je pense. Bref, comme moi je n’avais pas eu d’éducation, mauvaise fille que j’étais, je ne me doutais pas vraiment de la bêtise que je faisais et je m’excuse platement devant mes prochains agresseurs car j’avoue que le fait de venir ici était de la pure provocation. Enfin, vous connaissez le refrain… Je faisais tranquillement une balade nocturne quand trois charmants messieurs me barrèrent le chemin pour me proposer un programme de nuit fort intéressant. Enfin, disons un programme qui aurait pu être intéressant s’ils avaient toutes leurs dents et quelques couches de crasse en moins. Et je fais fie de l’odeur corporelle et leur haleine. Ayant poliment refusé la proposition qui, bien qu’alléchante pour eux, ne me tentait pas, ils en vinrent aux mains et je dus me défendre. Mais cette altercation est importante à raconter car sans elle, la suite des événements ne se serait pas déroulée de cette manière.

Tu as tord de résister, espèce de [censure] ! Me dit l’un d’eux tandis qu’un flot de sang dégoulinait sur son visage bleui. Quand nos copains vont te retrouver, tu vas le regretter !

Ho, je n’en doute pas et d’ailleurs je tremble déjà.

(Suivit ensuite une suite d’insultes qui aurait fait rougir un chanteur de métal. Je préfère ne pas les retranscrire ici car ma politesse légendaire paraitrait alors moins crédible et vous ne voudriez peut-être même plus me lire… Faisons donc un petit saut jusqu’au moment tant attendu.)

…blabla… On va aller chercher des renforts au nid de l’aigle…blabla… notre repaire….blabla… auberge…blabla (fin de la retranscription).

Ayant donc retenu le titre de cette soi-disant auberge, je préférai les empêcher de me nuire d’avantage en allant chercher d’autres copains et les assommai proprement avant de les enfermer dans un égout. Ne sait-on jamais s’ils se réveillaient avant l’aube… Retournant au centre du village, je me dis allègrement apostropher par un garde qui me postillonna dans les oreilles. Pardonnant le fait que j’étais encore dehors à cette heure là car j’étais nouvelle, je fis une démonstration de self-control en empêchant Viladra d’apparaitre pour le liquider. Alors oui, mes victimes diront certainement que je faisais preuve d’une sauvagerie et d’une perversité absolues, mais ce n’était pas de ma faute si mon corps était habité par une débauchée de première. Ce qu’il fallait pour que je reste acceptable, c’était qu’elle ne sorte pas, alors évitez un peu de me chercher des poux pour un rien.
Bref, après avoir réussi à arracher l’adresse de ladite auberge entre les périodes de crachat, le garde s’éloigna et moi je me dirigeai donc, mon ventre gargouillant avec excitation, vers cet endroit rêvé. Quand je l’atteignis enfin, merci mon ange qui veille sur moi, j’ouvris la porte et mon enthousiasme chuta quelque peu quand je vis la salle bondée. Mon regard exaspéré balayant la pièce pour trouver une table de libre, j’en vis une (la dernière d’ailleurs) dans un coin. Faiblement éclairée et un peu à l’écart, elle était certainement encore vide pour ces deux raisons mais moi elle me convenait parfaitement. Me faufilant avec difficulté entre les bras malpolis qui trainaient un peu partout et les paires de fesses qui dépassait des sièges trop petits sans doute, j’arrivai enfin à mon tabouret bancal et me callai contre le mur avec une joie fatiguée. Attrapant un serveur qui passa devant moi, je lui commandai du porc sauté au caramel et le regardai s’éloigner.

« Ca alors, regarde qui voila… »

Tournant la tête, je vis ma voisine de table à quelques mètres. Reconnaissant la personne qui avait vaguement éveillé mon attention peu avant, je me demandai ce qu’elle faisait toute seule dans un lieu aussi fréquenté et sans aucun compagnon pour lui tenir compagnie. Notant sa jeunesse et une fine musculature, je me mis sérieusement à me demander si ce n’était pas un ninja en planque. Néanmoins, ceux qui faisaient ce genre de métier étaient en général plus âgés mais elle pouvait aussi être un petit prodige de son village. Quel village d’ailleurs ? Suna ? Kiri ? Konoha ? Oto ? Ou bien… Kumo ? Si c’était le cas, ce village de lâches avait plus de bons éléments que je ne le pensais. La fixant jusqu’à ce que je sois sur qu’elle avait remarqué l’attention que je lui portais, je ne la quittai des yeux que lorsque l’on vint m’apporter mon repas et l’attaquai avec appétit. Sans pour autant manquer de grâce, après tout je suis quelqu’un d’extrêmement poli et de soigné ; ne l’oublions pas… Je dirai même que je me bats proprement. Alors que je terminai la moitié de mon plat, je poussai un soupir d’aise (je soupir beaucoup, je sais) je me rejetai contre le mur en faisant attention de ne pas tomber à cause de mon support instable et m’adressai soudainement à la jeune fille brune. Veillant à ce qu’elle ne croie pas à une attention malsaine de ma part, j’affichai un mince soupir aimable sur mon visage, laissant mes mains bien en évidence sur ma table. Oui, les ninjas, si c’en était un, développaient souvent une paranoïa aigue en ce qui concernait les étrangers… J’en ai d’ailleurs moi-même fait parti. Bah oui, on vient vous parler normalement puis on essaye ensuite de vous planter un couteau dans le corps. Trouvez la logique !

Bonsoir, enchantée je me nomme Kaleïs (il faut toujours se présenter quand on parle en premier). Je me demandais ce que faisait une personne seule dans un endroit aussi reculé… ? Habitez vous ici ?

« Mon œil, si elle dit oui je la tue !
Un peu de courtoisie, je te prie… »

Le diable monte toujours à bord sous des apparences trompeuses. Parfois, le déguisement ne suffit pas, l’odeur reste à camoufler !

Voila, c’était fait. Ayant un don incroyable pour m’attirer des ennuis, j’avais pris l’habitude de ne pas jamais m’adresser à quelqu’un sans avoir une excellente raison de le faire. Alors oui, là je n’en avais pas mais comme cette jeune fille m’intriguait au plus au point et que je retenais continuellement ma curiosité en restant dans mon coin, j’avais décidé de faire une entorse à mes principes. Pensant que faire un brin de causette avec une inconnue que j’oublierai très certainement dans les heures qui suivraient, quelle ne fut pas ma surprise quand je compris qu’elle était tout sauf banale. Si vous avez eu la chance de vous faire former par une personne vicieuse et calculatrice comme Viladra l’avait fait avec moi, vous savez donc que toute collecte d’informations se faisait à partir d’un rien. Parfois, un simple regard vous permettez d’en apprendre plus que par des mots et même une respiration vous apportez des secrets pourtant si bien gardés… J’avais donc fixé ma future interlocutrice avec une attention soutenue à la limite de l’impolitesse en attendant de voir sa réaction. Tout commença par un simple regard en coin, rapide et furtif qui démontrait un sens aigu de l’observation. Décidant que ce simple élément ne pouvait pas non plus confirmer qu’il s’agissait d’un ninja masquant son identité, cela augmenta néanmoins sensiblement les soupçons qui pesaient sur elle. Sa façon de m’avoir à peine regardé montrait là un caractère affirmé et solitaire qui n’appréciait pas tellement qu’on vienne l’embêter pour rien. M’attendant alors à une réplique bien cinglante qui me dirait d’aller me faire voir, elle se redressa et me sourit d’un air candide, un peu trop joyeux pour endormir ma méfiance. Se présentant comme Kurai Soto, elle disait être la fiche d’un forgeron qui venait ici pour son père. Une fille très polie qui semblait d’ailleurs bien couvée par le cocon parental… Alors pourquoi avait-elle été envoyée si loin, seule et durant toute une nuit en plus ? Voila quelque chose de bien étrange. Il n’était pas conseillé de se balader dans un village pareille lorsque l’on était jeune… et fragile. Mais l’était-elle vraiment ?

Vous savez, votre regard m’intimide…

Revenant à la réalité par sa nouvelle phrase, j’haussai un sourcil étonné. C’était bien la première fois que l’on me posait une question pareille… Hormis mon diadème qui n’était pas si précieux que ça, je ne portai rien de riche ou d’ostentatoire. Je n’avais rien d’une noble… Je pouvais éventuellement ressemblait à quelqu’un qui a de quoi vivre, mais de là à ce que l’on me place dans la classe supérieure… Non merci. Faisait-elle ça pour jouer encore plus le rôle de la gamine naïve qu’elle semblait être ? Je croyais voir une légère exaspération dans son sourire enjoué mais c’était peut-être du à ma grande paranoïa. Esquissant un mince sourire, je ne savais pas vraiment quoi lui répondre entre ‘’arrêtons ce petit jeu de rôle ‘’ et ‘’ Ne me confonds pas avec ces gros lards qui se prélassent dans de la soie’’. L’une comme l’autre, mes deux possibilités ne semblaient pas très courtoises et je préférai dire autre chose de plus… civilisée.

C’est vraiment étrange que tu te demandes cela. Vu le nombre de nobles qui se ramènent dans ce village pour acheter à bas prix des articles de luxe, j’aurai pensé que tu saurais à quoi ressemble quelqu’un la haute société. Pas comme moi, en tout cas !

Terminant ma réponse par un sourire éclatant d’innocence, mon sous-entendu était clairement passé et si elle s’avérait être ce que je croyais, il y aurait forcément une petite réaction. Après, si cette jeune fille était réellement une citoyenne qui faisait son boulot, alors cela ne resterait pour moi qu’une personne dont le potentiel aura été gâché. Alors que je pensais reposer une autre question dont le but serait de mettre à l’épreuve ses nerfs, un fracas vint troubler cette… tranquillité et nos deux regards se tournèrent au fond de la salle. Haussant un sourcil, je fis une légère grimace en reconnaissant là le style patibulaire des hommes que j’avais un peu endormi avant de venir. Formulant un espoir silencieux pour que cela ne soit pas le cas, mon habituelle malchance me rattrapant quand ils commencèrent à jeter des regards narquois et concupiscents vers moi. Comme mon interlocutrice était pas toute à fait à mes cotés, j’espérai qu’elle ne se retrouverait pas mêlée à cette histoire et tentai de faire en sorte à ce que l’on ne me voit pas discuter avec elle. Peine perdue… C’était une fille, tout comme moi, et si elle n’avait pas autant de formes que j’en possédais et qu’elle aurait éventuellement pu paraitre un peu androgyne ; ces messieurs avaient l’habitude de faire la chasse à la femelle et la repérèrent non sans mal. Un don incroyable pour des abrutis pareils. S’avançant vers nous dans une démarche pachydermique qu’ils pensaient très certainement être une démonstration de la virilité, j’étais sincèrement étonné de ne pas voir des efflues vertes flotter dans leur sillage.

« C’est pas possible ! Et dire qu’on se faisait une copine !
On va bien s’amuser, je le sens…
Moi je sens une lassitude inexpliquée qui m’envahit. »

Et pour de la fatigue intérieure, c’en était. Quatre de ses ravissants personnages vinrent s’asseoir sur ma table ce qui, au vue de sa faible surface, s’avérait être un exploit. Trois autres se placèrent ensuite de façon à me couper toutes retraites. N’avaient-ils donc pas compris que je n’étais pas du genre à fuir ? Enfin bon… Si tout cela s’était arrêté comme cela, alors peut-être que j’aurai négocié pour éviter un affrontement inutile et chacun aurait repris sa place dans la vie. Malheureusement, comme dans tous mangas qui se respectent, il y a toujours de la castagne au rendez-vous. Cette fois là, j’avais le rôle de la victime totalement féministe qui fait face à une troupe de redoutables guerriers aguerris. Bon, certes nous ne tenions pas vraiment les rôles comme il le fallait mais si cette histoire était restée entre nous… Mais non, il fallait que l’un d’eux vienne délicatement poser sa botte sur la table de ma voisine, faisant malencontreusement tomber son assiette à peine entamée. Du véritable gaspillage, je vous jure… Pivotant légèrement sans me décoller du mur pour autant (quelle souplesse me direz-vous !) je vis alors l’air enjoué de la dénommée Kurai fondre comme une glace en plein désert un jour d’été. Faisant place à une véritable exaspération, elle n’avait plus du tout l’air de la gamine à papa qui fait des courses… Non, ses baguettes changèrent de position dans sa main et prirent l’apparence d’une véritable arme de combat. Les gens ont tord de sous-estimer les cuisiniers, car avec tous les ustensiles qu’ils ont à porté de main, je me méfie d’eux plus qu’un criminel de rang S puissance vingt.

J’t-ai vu mater la rouquine t’sais. Ça t’tente un plan à plusieurs hein... hein !

Me mater ? Un plan à plusieurs ? Cet énergumène utilisait un langage qui ne me convenait guère. Soupirant une énième fois au risque de me perforer les poumons, je reportai mon attention sur celui qui se trouvait en face de moi. De toute évidence, elle n’avait pas besoin de moi pour se défendre.
Avec un rire gras au point de huiler le mur rien qu’en parlant, le chef de ces malotrus faisait presque deux mètres et des muscles saillants roulaient sous sa peau. Ayant toutes ses dents, pour une fois, il aurait pu être normal s’il avait pensé à prendre une douche et à changer de fringues. Enfin, de tous, il était le plus présentable… Hormis l’aspect sensitif. Tendant une main qui se posa contre la pierre juste à coté de ma tête, il avança sons visage vers le miens et je manquai de défaillir lorsqu’il parla. Le rinnegan à coté d’une attaque pareille, c’est vraiment de la rigolade.

Alors ma belle ! J’ai appris que tu avais amoché quelques uns de mes copains… Va falloir que tu nous dédommages… avec une petite gâterie, non ? Je viens de manger mais je n’ai pas pris de dessert…

« J’vais lui faire une tarte aux marrons… »

Lui souriant de la façon la plus polie que je pouvais afficher entre ma grimace de dégout et l’envie de le pousser loin, très loin de ma propreté et moi, l’envie de lui mettre une patate dans la tête était juste freinée par la peur de me salir.

Je suis désolée, mais étant très mauvaise cuisinière je suis obligée de décliner votre proposition, par simple souci de vous déplaire…

Et paf ! Que les politiciens en prennent de la graine ! Car niveau diplomatie j’avais eu mon diplôme avec un grand A entouré trois fois en rouge. Mais bon, parfois cela ne marchait pas avec tout le monde… Et oui, si c’était le cas toutes nos nations seraient en paix et il n’y aurait même plus d’intérêt à faire partie de l’akatsuki. Bref, vu le regard qu’il m’adressa, j’en déduisis que la moitié de mes mots n’avaient pas été compris et que l’autre moitié pas appréciés. Un duo qui n’annonçait rien de bon. D’ailleurs, il poussa un grognement très réussi et voulu m’attraper le bras. Reculant légèrement pour esquiver cette magnifique tentative de séduction, je dus me résigner à me lever. Epoussetant le tissu blanc qui entourait mes jambes, je posai alors une main sur ma cuisse qui attira tous les regards primaires et masculins.

Voila, t’as tout compris ! Si tu continues comme ça, je pourrai éventuellement te pardonner, sale catin…

Lui adressant un sourire, je remontai un peu plus le tissu… Et attrapai la garde de mon arme. La faisant sortir de sa gaine d’un mouvement fluide, je traçai un arc de cercle, en envoyant un contre le mur. Etant pacifiste même si on ne me croit pas, je ne l’avais pas envoyé avec le tranchant mais avec le dos. Ce simple geste écartant la plupart d’entres eux, ils étaient désormais un peu plus méfiant à mon égard et je posai la pointe de mon épée sur le sol avant de m’appuyer négligemment dessus.

Je ne voudrai pas troubler la… sérénité de cette auberge. Alors si vous voulez bien prendre congé…

Veillant à ce qu’ils ne fassent rien d’insensé, trois d’entres eux estimèrent qu’il valait mieux s’occuper de Kurai avant de venir me voir. S’approchant d’elle en rejoignant ainsi leur copain qui s’était appuyé sur sa table, ils l’entourèrent comme une meute de chien qui entourerait… un loup déguisé en agneau. Ma gentillesse naturelle brulait d’envie de les prévenir qu’elle n’était pas aussi innocente que cela, mais la curiosité l’emporta. Comment allait-elle réagir… ?

Je crois que je suis tombée de la surface de la Terre et que je ne m'arrêterai jamais de tomber. (« L’herbe bleue »)

[post bref, mais j’ai pas beaucoup de temps et puis j’ai pas d’inspi, et puis…et puis….]

Comme je l’avais prévu, ou comme si le destin avait décidé de foirer toutes les rencontres qui pourraient améliorer ma vie sociale, un incident se déclencha a moment où on commençait à parler plus ou moins correctement. D’un naturel extérieur impassible et courtois, il ne fallait tout de même pas oublié que je faisais partie de l’akatsuki. Bien qu’il y ait eu jadis un ou deux membres qui n’étaient pas foncièrement mauvais, je ne vais pas défendre cette organisation en disant qu’il n’y a que des membres gentils qui œuvrent pour un monde meilleur. Bien que notre grand chef ait utilisé Pain en lui faisant croire qu’il contribuait ainsi à la création d’une vie en paix, la nouvelle génération que nous étions savait pertinemment que Madara se fichait totalement de la joie du bonheur ou d’autres bêtises comme cela. Non, nous étions dans le même groupe car il apportait puissance et action… Et moi, qui venais de m’écarter momentanément de la lune rouge pour souffler un peu et inspirer de la sérénité… j’avais encore trouvé le moyen de rentrer dans des affaires pas nettes.
Alors que j’avais repoussé la plupart de nos agresseurs afin de leur faire comprendre que je ne souhaitais pas me battre, Kurai en explosa un grâce à une judicieuse utilisation de la table et créa ainsi un champ un peu plus large autour d’elle. Pour une fille de forgeron, elle en avait un peu trop dans la patate, si vous voulez mon avis… Je me demande bien de quel village elle vient. Bref, elle en planta deux avec ses baguettes et le dernier s’affala à ses pieds dans une glissade aussi répugnante qu’étonnante.
Bref, toujours appuyée sur mon épée, je vis une ombre s’abattre sur moi et jetai un regard au dernier encore debout (sauf si l’on comptait les deux autres qui tentaient de retirer leur baguette avec des cris de douleur très convaincants.) Passons. Ce charmant monsieur me regardait d’un air assez dérouté qui aurait éventuellement pu me faire rougir si j’avais une centaine de points de QI en moins et 80% de déconnexions de mes neurones. Et encore. Tandis qu’il me lançait le début d’une phrase pleine de virilité, Kurai m’ôta la peine de répliquer lorsqu’elle effectua un magnifique lancer de table. Je vous assure que cela aurait fait pleurer un lanceur de poids.

Crétin.

« Sobre mais élégant.
Bof, un peu trop gentil, si tu veux mon avis. A un moment pareil, elle aurait pu lancer un truc du genre ‘’ va bouffer tes…’’
Ok, ok , Viladra ! On n’a pas envie d’en entendre d’avantage… ! »

Sur cette phrase… Non, pardon… sur ce mot, elle quitta l’établissement en laissant là un champ de bataille miniature. Enjambant un corps gémissant, je lui emboitai silencieusement le pas histoire que le tenancier ne me remarque pas moi non plus. Trop occupé à vociférer contre la jeune fille, je pu aisément le contourner et la rattrapai sans que l’on soit poursuivies. Après tout, le gérant de l’auberge était tellement gros que la gravité le rappelait dès qu’il allait trop vite. Aucune chance qu’il nous oblige à payer. Suivant Kurai qui avait piqué un sprint formidable pour distancer le tavernier, elle s’arrêta sur les hauteurs du village tandis qu’une bruine de plus en plus épaisse nous entourait. La rejoignant, je croisai les bras et regardai l’horizon tandis que quelques gouttes de pluie s’écrasaient sur nous de plus en plus nombreuses.

Tu vas continuer à me regarder comme ça encore longtemps ? Je suis pas une bête de foire...

Hum ?

Tirée de mes méditations intérieures par sa voix qui n’était plus du tout joyeuse, je baissai mon regard sur elle. Me tournant le dos, elle était limite roulée en boule et semblait plus vulnérable que jamais. Enfin, je l’avais vu se battre et je savais qu’elle savait se débrouiller toute seule, hein ? Je voulais dire vulnérable moralement. Boudeuse, elle semblait pleine de ressentiments et n’était pas à l’aise quand elle parlait à quelqu’un. Une solitaire, de toutes évidences… Plissant les yeux pour apercevoir l’heure sur l’horloge du clocher, je vis avec amertume que j’avais déjà un peu de retard. Non, soyons honnête, j’étais tellement en retard qu’ils m’avaient sans doute portée disparue. Soupirant légèrement, j’essorai mes cheveux mouillés entre mes doigts et m’adressai alors à Kurai, si c’était son nom, avec une nuance amusée dans ma voix calme.

Je sais bien que tu n’es pas une bête de foire. Encore que, tu me sembles bien prisonnière derrière d’invisibles barreaux.

Et voila, petite phrase philosophique appuyée d’une figure de style placée à la perfection. Gardant un visage impassible malgré cette petite fierté temporaire, je m’inclinai légèrement devant elle, bien qu’elle ne me voyait pas puisqu’elle me tournait le dos. Je ne pensais pas la revoir, ou alors certainement en tant qu’ennemie, mais cette bref rencontre se marqua en moi. Ce n’était pas tous les jours que je m’adressais plus de trois minutes à une personne autre qu’un membre de l’akatsuki… !

Je te souhaite une agréable fin de nuit. Au revoir, Kurai.

Tournant les talons, je me contentai de descendre la pente qui se dirigeait dans une voie opposée a village. Maintenant que je me retrouvais seule, je n’avais plus qu’à les rejoindre et commençai une nouvelle épreuve pour l’akatsuki… Et surtout pour moi.